Votre savon peut être toxique lorsqu’il est déversé dans les canalisations d’évacuation : L’outil New GreenScreen® for Safer Chemicals identifie des produits chimiques dangereux dans des produits domestiques courants

 

Communiqué de presse joint de l’Association Canadienne du Droit de l’Environnement et de Clean Production Action

Juil 10 2014

(Toronto, Canada) L’Association Canadienne du Droit de l’Environnement (ACDE) et Clean Production Action (CPA) ont communiqué aujourd’hui une évaluation complète des dangers posés par deux produits chimiques couramment utilisés comme agent antibactérien dans des produits allant du savon liquide et du dentifrice aux planches à découper dans la cuisine. GreenScreen® for Safer Chemicals, un outil renommé à l’échelle internationale d’évaluation comparative des risques posés par les produits chimiques, a été utilisé pour la première fois pour évaluer l’impact du triclosane et du triclocarban sur l’environnement et la santé de l’homme.

L’évaluation de GreenScreen a conclu que le triclosane est une substance de Niveau 1 – un produit chimique à éviter. Le triclocarban est rangé dans la catégorie de Niveau 2 avec une grande toxicité pour les milieux aquatiques. Les groupes recherchent l’interdiction de ces produits chimiques en raison de leur impact sur les rivières et les lacs.

« Ce qui est particulièrement alarmant est l’envergure de l’impact de ces produits chimiques – depuis les dommages aux écosystèmes aquatiques, y compris les Grands Lacs, jusqu’aux interférences avec le système endocrinien chez l´homme. Lorsque l’on sait que 95 % du triclosane et la plus grande partie du triclocarban sont évacués avec les eaux usées, le fait que ces deux produits posent un danger de toxicité très élevé pour les organismes aquatiques est une très mauvaise nouvelle pour nos lacs et nos rivières », a fait remarquer Fe de Leon, chercheure à l’ACDE.

« En milieu aquatique, nous savons que le triclosan continue à générer des dioxines et autres substances dangereuses dans l’eau » a ajouté de Leon, qui a commandé le rapport de GreenScreen dans le cadre du programme de recherche de l’ACDE c sur les Grands Lacs. « Le gouvernement canadien doit prendre l’initiative d’interdire l’utilisation de ces produits chimiques inutiles dans les produits de consommation et nous demandons aux États et aux Provinces, surtout autour des Grands Lacs, de prendre également action, a-t-elle ajouté.

« Les avantages de l’outil d’évaluation GreenScreen est qu’il observe la gamme des impacts d’une substance dans son ensemble – depuis la santé de l’homme jusqu’aux dommages à l’environnement – ce qui permet aux usagers et aux régulateurs de mieux comprendre pourquoi un produit chimique est à éviter, à substituer, ou que l’on peut continuer à l’utiliser. C’est une meilleure alternative à l’approche souvent cloisonnée des régulateurs qui peut envoyer des signaux peu clairs sur le marché. Par exemple, Santé Canada dit que le triclosane est sans danger pour l’homme – malgré ses effets sur le système endocrinien – mais Environnement Canada le considère comme toxique et extrêmement dangereux pour l’environnement naturel. Avec plus de 1 600 produits de consommation contenant du triclosane et des centaines d’autres contenant du triclocarban, les consommateurs sont laissés dans l’ignorance de la toxicité de ces produits chimiques antibactériens pour l’environnement », dit Bev Thorpe, co-directrice conseil de Clean Production Action, l’organisme d’accueil de GreenScreen.

« L’Agence de Santé Publique du Canada et la Food and Drug Administration des États-Unis ont toutes les deux déclaré que les savons contenant des ingrédients antibactériens ajoutés, comme le triclosane, ne sont pas plus efficaces que l’eau et le savon normal, ce qui fait que ces dommages pour l’environnement et la santé sont parfaitement évitables », dit Kathleen Cooper, chercheuse principale à l’ACDE .

De plus, des préoccupations croissantes concernant la résistance aux antibiotiques due à un usage excessif de produits antibactériens ont été exprimées à la fois par les associations médicales canadiennes et américaines, ainsi que de l’Union Européenne. Récemment, plusieurs compagnies comme Avon, Proctor et Gamble ou Johnson & Johnson ont publiquement déclaré leur intention d’éliminer le triclosane.

En mai 2014, le Minnesota est devenu le premier état américain à interdire – à partir de janvier 2017 — la vente de tout produit de nettoyage ou de toilette contenant du triclosane. La Food and Drugs Administration des États-Unis a donné aux fabricants jusqu’à décembre 2014 pour démontrer un « cas clinique » de l’utilisation de savons antibactériens. Le gouvernement canadien a émis un projet de recommandation en 2012 déclarant que le triclosane est un produit chimique toxique, mais à ce jour aucune action n’a été prise.

« Maintenant que le triclosane est examiné de près, il est essentiel de ne pas le remplacer par un autre produit chimique dangereux comme le triclocarban. Cela paraît être du simple bon sens, mais le cas récent de dangereuses microbilles en plastique dans des produits cosmétiques a démontré que de nombreux fabricants n’anticipent toujours pas le danger potentiel des produits chimiques pour l’environnement », fait remarquer Thorpe. « Nous appelons les compagnies et les régulateurs à stopper la chaîne toxique de l’utilisation constante de produits chimiques dangereux en utilisant des outils comme GreenScreen afin de mieux comprendre les dangers de tout produit chimique avant qu’il ne soit introduit dans des produits de consommation ».

Un résumé de l’ensemble des recommandations et les rapports de GreenScreen complets sont disponibles (en anglais seulement) sur http://www.cela.ca/triclosan-and-triclocarban.
Un résumé de deux pages est disponible en français.

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Pour de plus amples renseignements :
Fe de Leon, Association Canadienne du Droit de l’Environnement, Chercheure, deleonf@cela.ca 416-960-2284 poste 223
Beverley Thorpe, Clean Production Action, Co-directrice conseil, bev@cleanproduction.org 647-341-6688
Kathleen Cooper, Association Canadienne du Droit de l’Environnement Chercheure principale, kcooper@cela.ca 705-341-2488

PRODUITS DE CONSOMMATION QUI PEUVENT CONTENIR DU TRICLOSANE OU DU TRICLOCARBAN

  • Savons liquides et pour les mains, étiquetés antibactériens
  • Maquillage pour les yeux et le visage
  • Lotion pour le corps
  • Gel nettoyant/gel de douche
  • Démaquillant
  • Crème pour le visage/les mains (crème protectrice)
  • Shampoing
  • Dentifrice et rince-bouche
  • Parfum
  • Savon à barbe
  • Gel pour les pieds
  • Traitement pour l’acné
  • Vaporisateur corporel
  • Déodorants pour les aisselles
  • Produits bronzant
  • Planche à découper
  • Médicaments sans ordonnance
  • Détergent
  • Vêtement
  • Tapis
  • Peintures
  • Plastique
  • Jouets
  • Fournitures scolaires
  • Sucettes
  • Produits à vaisselle/lessive
  • Adoucissants industriels pour tissu
  • Déodorants pour cuvette de WC
  • Textiles (y compris le cuir)
  • Semelles intérieures synthétiques
  • Matériau de caoutchouc
  • Papier
  • Utilisé comme agent d’assainissement dans les usines textiles

Sources:
Gouvernement du Canada. The safety of triclosan. http://healthycanadians.gc.ca/health-sante/environment-environnement/home-maison/triclosan-eng.php
Environnement Canada et Santé Canada. 2012. Preliminary Assessment Triclosan Chemical Abstracts Service Registry Number 3380-34-5. Accès le 7 juillet 2014. http://www.ec.gc.ca/ese-ees/6EF68BEC-5620-4435-8729-9B91C57A9FD2/Triclosan_EN.pdf
Environnement Canada et Santé Canada. 2012. Risk Management Scope for Triclosan Chemical Abstracts Service Registry Number (CAS RN): 3380-34-5. Accès le 7 juillet 2014. http://www.ec.gc.ca/ese-ees/613BAA27-CA67-491F-804E-71AA12649364/Triclosan%20RMS_EN.pdf
Rolf U. Halden. 2014. On the Need and Speed of Regulating Triclosan and Triclocarban in the United States. Environ. Sci. Technol., 2014, 48 (7), pp 3603–3611.