Blogue à l’honneur : l’adoption progressive par l’Ontario d’une règlementation concernant les néonics franchit une nouvelle étape

La recherche d’information sur l’usage et la vente de pesticides canadiens est frustrante. Cependant, par mesure de transparence, l’Ontario a publié son premier rapport sur les ventes de semences de maïs et de fèves de soya traitées aux insecticides néonicotinoïdes (néonics), tel que l’exige la réglementation provinciale récemment modifiée sur les pesticides.

Certaines régions d’Europe ont interdit l’usage des néonics afin de protéger les pollinisateurs. En 2015, l’Ontario a imposé les premières restrictions réglementaires sur les néonics en Amérique du Nord. L’approche plus modeste de l’Ontario touchait les semences de maïs et de fèves de soya traitées aux néonics, qui auraient causé la mortalité massive d’abeilles pendant les semailles en Ontario et au Québec. Le gouvernement de l’Ontario s’est engagé à réduire l’usage des néonics de 80 %.

Le suivi des progrès vers l’objectif de diminution de 80 % nécessite la production périodique de rapports sur les ventes de semences traitées. La réglementation fédérale exige des fabricants de pesticides qu’ils produisent des rapports de vente sur ces produits chaque année. Santé Canada présente un sommaire de ces données dans un rapport de vente annuel de produits antiparasitaires. Cependant, les rapports de Santé Canada ne reflètent pas les ventes de semences traitées au néonics. De plus, ils ne sont pas très détaillés et ils précisent seulement si la vente totale des ingrédients actifs de chaque pesticide est de plus ou moins 50 000 kilogrammes. La plus récente édition de ce rapport date de 2014.

Le rapport de l’Ontario sur les ventes de semences comble un fossé important. Il révèle qu’en 2016, 54 % des semences de fèves de soya et 76 % des semences de maïs vendues dans la province (en masse) étaient traitées aux néonics, ce qui représente une légère diminution depuis l’adoption de la réglementation. Le nombre d’acres total ensemencé de semences de maïs ou de fèves de soya traitées a diminué de 24 %. C’est un bon début. Par contre, l’Ontario compte plus de trois millions d’acres qui sont toujours ensemencés de graines de maïs et de fèves de soya traitées aux néonics – un chiffre inacceptable.

La province adopte progressivement la nouvelle réglementation. La pleine application devrait promouvoir une diminution plus importante de l’usage de semences traitées aux néonics.

D’autres mesures peuvent être nécessaires afin d’atteindre l’objectif de 80 % de réduction. En 2016, les agriculteurs pouvaient acheter des semences traitées aux néonics pour la moitié d’une superficie ensemencée de maïs et de fèves de soya avec peu de restrictions. Ils pouvaient utiliser les semences traitées sur plus de la moitié de la surface si une évaluation des risques phytosanitaires révélait une menace. À compter de 2017, les semences traitées ne peuvent être utilisées que si ce traitement se fonde sur une évaluation des risques phytosanitaires.

Par ailleurs, Santé Canada propose l’interdiction pour usage agricole du néonic imidaclopride, craignant qu’il pose un risque inacceptable à la biodiversité aquatique des lacs et rivières au Canada. L’évaluation fédérale de deux autres néonics est en cours et les résultats sont attendus plus tard en 2017.

L’interdiction des néonics dans tout le Canada est la suite logique des mesures qu’a prises l’Ontario pour réglementer le traitement des semences. Le Canada se met à prendre au sérieux l’abus de ces produits chimiques. Il faut cependant accélérer le pas. Vous pouvez contribuer! Dites à Santé Canada que vous ne voulez plus d’imidaclopride ni d’aucun autre néonic en lui demandant d’interdire ces pesticides dans tout le pays (veuillez noter que la date limite pour la consultation publique sur l’interdiction proposée a été repoussée au 23 mars 2017).