Des émissions atmosphériques excessives de Tritium radioactif incitent des groupes à exiger la fermeture d’une installation nucléaire

Avr 20 2012

Peterborough – Les émissions de tritium radioactif dans les environs d’une installation nucléaire située près de l’aéroport municipal de Peterborough sont nettement supérieures à celles signalées précédemment, et représentent, pour 2012 et 2011, plus de deux fois la quantité maximale de rejets annuels autorisée par la licence actuelle de l’entreprise. C’est ce qui a incité quatre organisations non-gouvernementales à exiger de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) qu’elle mette un terme aux opérations liées au tritium, et reporte les audiences de l’usine pour l’obtention d’une nouvelle licence. L’information sur les rejets de tritium vient d’un rapport préliminaire qui a été rendu public la semaine dernière par Shield Source Incorporated (SSI), l’usine de tritium lumineux en question.

L’Association canadienne du droit de l’environnement a envoyé une lettre au CCSN hier, au nom de Safe and Green Energy (SAGE) (un groupe régional de Petersborough), pour demander au régulateur de prendre la direction de l’usine de la SSI afin de faire cesser les opérations liées au tritium, et de retarder les audiences actuellement prévues pour le 2 mai 2012, visant à renouveler la licence demandée par l’exploitant de l’installation pour les dix prochaines années. Trois autres groupes (le Sierra Club Canada, les Concerned Citizens of Renfrew County et le Regroupement pour la surveillance du nucléaire) soutiennent l’initiative de la SAGE.

Le tritium est de l’hydrogène radioactif. Comme tous les matériaux radioactifs, il est cancérigène, mutagène et tératogène – il peut provoquer des cancers, des problèmes génétiques et des anomalies de développement chez les enfants à naître. Le tritium est le plus souvent créé dans les eaux lourdes des réacteurs CANDU en tant que sous-produit non désiré et dangereux de la fission nucléaire. Depuis 1990, une installation d’extraction du tritium (IET) à Darlington a été utilisée pour éliminer le tritium de l’eau lourde, pour réduire l’exposition des travailleurs aux radiations, et pour limiter la contamination au tritium de l’environnement. SSI achète le tritium de l’IET, et l’utilise pour fabriquer des appareils auto-éclairants.

Mais trois semaines avant le début d’une audience au cours de laquelle la société demandera un renouvellement de sa licence pour les 10 prochaines années, afin de fabriquer des sources de lumière au tritium, la société a reporté au CCSN (le régulateur nucléaire du Canada) que l’un de ses consultants avait découvert des « émissions de cheminées plus importantes » de tritium, émanant de l’installation. Les émissions mesurées par le consultant étaient dix fois supérieures à celles mesurées par l’entreprise.

SSI a depuis recalculé ses émissions de tritium pour les années 2010 et 2011, à un niveau cinq à neuf fois supérieur à celui rapporté précédemment. Les derniers niveaux représentent plus de deux fois le niveau limite d’émissions autorisées par la licence du CCSN.

« En de telles circonstances, il faut obliger la société à cesser immédiatement ses opérations », affirme Jeff Brackett, porte-parole du SAGE. « Le CCSN doit informer le public de la façon dont se sont produites les erreurs dans les rapports, pourquoi elles n’ont pas été détectées plus tôt par le régulateur, depuis combien d’années les données sont erronées, et des causes et conséquences de ces émissions plus importantes de tritium radioactif à l’état gazeux. Le CCSN doit retarder l’audience publique pour le renouvellement de la licence de SSI, jusqu’à ce qu’une enquête complète ait été menée. »

« Nous nous questionnons sur le fait que SSI puisse obtenir une licence pour continuer ses opérations, puisque leur taux d’émissions contrevient à l’un des objectifs déclarés de l’installation d’extraction du tritium : séparer le tritium de l’environnement afin de réduire la contamination radioactive à l’extérieur du site », a déclaré le Dr Gordon Edwards de la Commission canadienne de sûreté nucléaire, un autre groupe intervenant dans les audiences à venir.

« Les Canadiens ont besoin de savoir si les régulations ont une signification et sont appliquées ou non, particulièrement dans un domaine aussi sérieux et controversé que l’énergie nucléaire et la gestion des déchets radioactifs » a déclaré John Bennett, directeur administratif de Sierra Club Canada, également intervenant agréé.

« Ce qui est le plus décourageant en ce qui concerne actuellement SSI, c’est que des problèmes très semblables ont été identifiés il y a plusieurs années dans une autre usine de tritium lumineux, SRB Technologies, située à Pembroke, et possédant également une licence du CCSN. Pourquoi n’ont-ils pas retenu les leçons du passé? » déplore le Dr Ole Hendrickson, des Concerned Citizens of Renfrew County.

« Les demandeurs de ces licences, placées sous la législation nucléaire fédérale, doivent fournir des informations précises pour soutenir leur candidature. Lorsque des questions surgissent concernant la précision de ces informations, l’impartialité et l’intérêt public exigent que le régulateur marque une pause avant de lancer une audience, et d’approuver possiblement une licence qui peut avoir de graves conséquences sur l’environnement et sur la santé d’une communauté », affirme Joseph F. Castrilli, conseiller juridique de l’Association canadienne du droit de l’environnement, qui représente SAGE.

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Pour plus d’information
Lettre à la Commission canadienne de sûreté nucléaire, 19 avril 2012
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Joseph F. Castrilli, conseiller juridique de l’ACDE – (416) 960-2284, poste 218 ; castrillij@sympatico.ca
Jeff Brackett, Safe and Green Energy – (705) 932-2551; brackett@nexicom.net
John Bennett, Sierra Club Canada – (613) 291-6888; jb@sierraclub.ca
Gordon Edwards, Ph.D., Regroupement pour la surveillance du nucléaire – (514) 489 5118; (514) 839 7214; ccnr@web.ca
Ole Hendrickson, Ph.D., Concerned Citizens of Renfrew County – (613) 735-4876; ole@nrtco.net
Pour obtenir plus d’informations sur le Tritium, visitez le www.ccnr.org  et cliquez sur l’hyperlien « Troubles with Tritium » dans la table des matières de la version anglaise du site.