Les Premières Nations et les ONG condamnent les plans fédéraux portant sur les anciens réacteurs nucléaires

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Août 21 2018

Quarante villages des Premières nations, groupes de citoyens et ONG ont demandé au vérificateur général du Canada de mener une enquête sur les dépenses relatives au démantèlement des réacteurs nucléaires effectuées par Ressources naturelles Canada, Énergie atomique du Canada limitée (EACL) et la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN).

« Le plan visant à enterrer et à abandonner les carcasses radioactives des réacteurs nucléaires à proximité des principales rivières est une abomination », a déclaré Gordon Edwards, président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire. « Des milliards de dollars, payés par les deniers publics, sont dépensés pour des projets clairement conçus pour satisfaire à l’industrie plutôt que pour la protection de la santé humaine et de l’environnement pour les siècles à venir. Le gouvernement fédéral doit consulter les citoyens des Premières nations et du Canada afin d’élaborer une politique efficace et applicable sur la façon de gérer ces déchets à très long terme. Or, aucune politique de ce genre n’existe actuellement. »

« Les Laboratoires Nucléaires Canadiens (LNC) veulent transformer les sites des réacteurs de Pinawa (Manitoba) et de Rolphton (Ontario) en installations permanentes de gestion des déchets nucléaires qui ne respecteraient pas les lignes directrices internationales », a déclaré Theresa McClenaghan, directrice générale de l’Association canadienne du droit de l’environnement.

Les groupes craignent que ces plans ne créent un précédent pour d’autres sites de réacteurs fédéraux situés en Ontario et au Québec.

Les LNC appartiennent à un consortium de sociétés multinationales qui avait été embauché en 2015 par le précédent gouvernement conservateur afin de réduire rapidement et à moindre coût les 10 milliards de dollars qu’avait laissés derrière elle l’industrie nucléaire canadienne. Les coûts de nettoyage des déchets nucléaires des 70 dernières années au Canada dépassent ceux de l’ensemble des 2 500 autres dettes environnementales fédérales.

La CCSN se réunira le 22 août 2018 à Ottawa pour examiner les progrès réalisés dans les plans de gestion des déchets nucléaires des LNC, notamment au réacteur Gentilly-1 sur le fleuve Saint-Laurent, le réacteur Douglas Point du lac Huron, le réacteur NPD de la rivière des Outaouais, les laboratoires Whiteshell sur la rivière Winnipeg au Manitoba et dans la région de Port Hope. Les groupes organiseront des manifestations en dehors des heures de réunion.

« Plusieurs réacteurs fédéraux se trouvent sur des territoires traditionnels autochtones non cédés », a souligné la chef April Adams-Phillips du Conseil des Mohawks d’Akwesasne. « Maintenant, nous apprenons que ces immenses réacteurs seront transformés en gigantesques monstres de ciment radioactifs qui témoigneront de la folie des êtres humains. Nous ne pouvons rester les bras croisés et laisser faire ».

« Depuis des décennies, le gouvernement du Canada et la CCSN nous promettent que tous les réacteurs nucléaires canadiens seront démantelés à la fin de leur vie et que les terres seront rendues à leur état naturel », a ajouté Gilles Provost, porte-parole du Ralliement contre la pollution radioactive. « Ils doivent respecter leurs engagements plutôt que de transformer nos réacteurs en dépôts de déchets radioactifs! »

Le financement fédéral du « démantèlement nucléaire et de la gestion des déchets radioactifs » a augmenté de 400 % au cours des trois dernières années, ces fonctions ayant été confiées au consortium de sociétés multinationales dont fait partie SNC Lavalin.

Au cours des trois premiers exercices (de 2016-2017 à 2018-2019) de l’accord où les réacteurs appartenaient au gouvernement tout en étant exploités par le secteur privé, les crédits parlementaires accordés à EACL pour « le déclassement nucléaire et la gestion des déchets radioactifs » s’élevaient en moyenne à 547 577 479 $ par an. Cette somme était quatre fois supérieure au crédit de 137 800 000 $ par année accordé de 2006 à 2016, période où Ressources naturelles Canada finançait le déclassement et la gestion des déchets dans le cadre du Programme des responsabilités nucléaires héritées.

Le Canada ne possède aucune politique limitant la façon dont les réacteurs nucléaires peuvent être mis hors service ou gérés. Il incombe aux promoteurs de suggérer des moyens de désaffectation ou de gestion des déchets. Ils devront par la suite défendre devant la CCSN les méthodes choisies.

Les groupes demandent au vérificateur général d’examiner si le gouvernement fédéral gère les déchets nucléaires et le déclassement des réacteurs d’une manière conforme aux principes du développement durable.

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Personne-ressource : Eva Schacherl, relationniste de presse, Concerned Citizens ~ 613 316-9450