Une agence américaine soustrait un dépôt de déchets dangereux du Niagara de sa liste de sites prioritaires du Superfund, en dépit des préoccupations des gouvernements au Canada et d’une coalition binationale environnementale des citoyens

Nov 07 2013

Toronto – En fin d’octobre 2013, l’Agence américaine pour la protection de l’environnement (EPA) a soustrait de sa liste de sites prioritaires du Superfund un dépôt de déchets dangereux en activité depuis 60 ans qui fut la source de contamination de la rivière Niagara et du lac Ontario, malgré les sérieuses réserves et inquiétudes qu’ont manifestées en 2012 les gouvernements de l’Ontario et du Canada ainsi qu’une coalition binationale d’organismes environnementaux.

En 2012, les gouvernements et la coalition binationale ont donné suite à une proposition qu’a déposée l’EPA en août cette année-là visant à soustraire la décharge de Hyde Park, située à Niagara à New York, de la liste nationale des sites prioritaires du Superfund comportant les sites les plus gravement contaminés aux États-Unis. En septembre 2012, l’Honorable Jim Bradley, ministre de l’Environnement de l’Ontario, a écrit à Lisa Jackson, l’ancienne administratrice de l’EPA à Washington, D.C., pour lui indiquer que « l’Ontario est contre la suppression du site de Hyde Park de la liste à l’heure actuelle », citant la qualité de l’eau, le suivi biologique et l’analyse menés par le ministère qui a « relevé de fortes concentrations de dioxines et de furanes dans le voisinage du ruisseau Bloody Run » (une petite zone de drainage qui coule depuis la décharge et qui en fait partie selon l’EPA). Le ministre Bradley ajoute : « En raison de la source constante de dioxines et de furanes qui s’infiltre dans la rivière Niagara en provenance de ce site, nous sommes convaincus que la suppression proposée de… Hyde Park est prématurée. » Également en septembre 2012, la directrice générale régionale associée d’Environnement Canada, Diane Johnston, avait mentionné les mêmes données auxquelles le ministre Bradley fait référence en exprimant les inquiétudes d’Environnement Canada concernant la suppression de la décharge de Hyde Park de la liste, soulignant aussi que les données prouvaient le dépassement des lignes directrices du Canada en matière de protection de la vie aquatique.

En 2012, la coalition binationale des citoyens, représentée par l’ACDE, a aussi exprimé ses inquiétudes quant à la décision de soustraire la décharge de Hyde Park de la liste. Selon elle, les déchets existent encore, demeurent dangereux et, en raison de la mesure corrective choisie par l’EPA (le confinement hydraulique des eaux contaminées), ils exigent une gestion environnementale robuste pratiquement à vie.

Or, le 4 novembre de cette année-là, en dépit de ces observations, l’EPA a publié un communiqué de presse annonçant qu’elle retirait en effet la décharge de Hyde Park de la liste nationale des sites prioritaires du Superfund, car elle avait conclu que « les efforts visant à diminuer la contamination des eaux aquifères et des sédiments du ruisseau sont parvenus à éliminer la menace pour la santé publique et l’environnement » et que le site « continuera d’être surveillé par l’EPA et pourra être décontaminé si des changements aux conditions de la décharge justifiaient une telle mesure. »

« L’EPA affirme que la menace a été neutralisée, mais les 80 000 tonnes de déchets dangereux n’ont jamais été retirées de la décharge de Hyde Park », lance Joseph F. Castrilli, avocat de l’ACDE. « La décharge est une bombe environnementale à retardement qui pourrait menacer la rivière Niagara et le lac Ontario. Elle mettra l’EPA au pied d’alerte à tout jamais. Soustraire la décharge de la liste ne rend service à personne et pourrait en fait entraver aux efforts de nettoyage de l’EPA à l’avenir. »

Renseignements :
Lettre de l’ACDE au nom de GLU envoyé à l’EPA, daté le 18 septembre 2012 Communiqué de presse de l’EPA, daté le 4 novembre 2013 Pour des exemplaires des lettres de septembre 2012 rédigées par Jim Bradley, ministre de l’Environnement de l’Ontario et d’Environnement Canada.
Pour de plus amples renseignements, communiquez avec :
Joseph F. Castrilli (416) 960-2284, poste 218, castrillij@sympatico.ca