Une coalition d’organismes nord-américains de défense des droits de la personne et de la santé environnementale exige que les gouvernements soutiennent l’élimination des produits chimiques toxiques à l’échelle mondiale

 

27 groupes signataires

Avr 22 2015

Pour plus d’information : Pamela Miller, Alaska Community Action on Toxics, 907 222-7714

Anchorage (Alaska), États-Unis;Toronto (Ontario), Canada; Texcoco (État du Mexique), Mexique : Aujourd’hui, des organismes de défense de la nature, de la santé, des droits de la personne et de la justice en matière d’environnement à l’échelle de l’Amérique du Nord réclament des gouvernements du Mexique, du Canada et des États-Unis qu’ils les appuient dans leur opposition à la poursuite de l’utilisation du pentachlorophénol (PCP). (La lettre est accessible en anglais seulement). Dans les trois pays, des coalitions d’organismes envoient des lettres en préparation à la Conférence des parties à la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (UNEP/POP/COP.7), en mai 2015. Elles exigent une interdiction mondiale du PCP, ainsi que de deux autres substances dont l’élimination est recommandée par un comité d’experts des Nations Unies (le Comité de revue des POP).

Le PCP a été utilisé partout dans le monde comme insecticide, fongicide et défoliant. Actuellement, il est surtout utilisé comme pesticide destiné à protéger le bois des poteaux électriques et téléphoniques, utilisés essentiellement aux États-Unis et au Canada. Du fait de sa haute toxicité et de la durée de sa persistance dans l’environnement, le PCP a déjà été interdit dans de nombreux pays. « Le pentachlorophénol a des conséquences sur la santé mondiale puisqu’on le retrouve dans le corps humain partout dans le monde, y compris chez les Autochtones de l’Arctique. Les gouvernements doivent maintenant se mettre d’accord pour enfin éliminer ce produit chimique toxique », a déclaré Pamela Miller, directrice générale d’Alaska Community Action on Toxics.

L’exposition se produit par inhalation et ingestion du produit chimique, par contact cutané et par ingestion d’eau souterraine contaminée. Le PCP est un produit chimique toxique persistant que l’on retrouve dans le lait maternel, le sang, le liquide amniotique, les tissus adipeux et le fluide séminal des humains partout dans le monde. On attribue à ce produit chimique des effets nocifs sur la santé, dont des dommages sur le développement du cerveau et du système nerveux, la diminution de la mémoire et les difficultés d’apprentissage, des perturbations de la fonction thyroïdienne, du système immunitaire, des problèmes de stérilité et un risque accru de certains cancers, comme le lymphome non hodgkinien.

« En tant que coalition d’ONG et d’universitaires de partout au Mexique, nous exhortons le gouvernement mexicain à soutenir une interdiction mondiale du PCP sans aucune exception, et à exiger une analyse minutieuse des impacts sur l’environnement et sur la santé dans la maquiladora qui produit du PCP pour la préservation de bois et qui, selon le fabricant, est la seule usine de production de PCP destiné à préserver le bois en Amérique du Nord », a déclaré Fernando Bejarano du réseau d’action Red de Acción en Plaguicidas Y Alternativas en México (RAPAM) et le centre IPEN pour l’Amérique latine et les Antilles.

« Nous exhortons le gouvernement canadien à suivre l’exemple des autres pays qui ont cessé d’utiliser le PCP. Le Comité de revue des POP a été extrêmement minutieux dans son travail et il a démontré qu’il existe d’autres produits sûrs permettant de remplacer le PCP et qui permettront aux utilisateurs actuels de délaisser le PCP, déclare Fe de Leon, chercheuse de l’Association canadienne du droit de l’environnement. Le soutien du Canada pour l’élimination à l’échelle mondiale des trois nouvelles substances toxiques est essentiel à la poursuite des efforts de réduction des niveaux de POP au Canada et dans le monde. »

Les enfants risquent d’être exposés à cette substance cancérigène s’ils jouent près de poteaux traités au PCP situés dans les zones résidentielles, près des écoles et dans les parcs. Les études récentes ont confirmé qu’aux États-Unis les enfants sont toujours exposés au pentachlorophénol, même si le PCP a été interdit pour presque tous les usages depuis 1987, sauf pour la protection des poteaux des réseaux électriques et téléphoniques. Ces poteaux traités au PCP sont ensuite réutilisés dans les aménagements paysagers, pour les enclos à bétail et dans le jardinage, ce qui entraîne une exposition continue au produit. L’exposition au PCP dans un cadre professionnel est un problème dans le procédé de fabrication et dans les utilisations.

« Le pentachlorophénol (PCP) utilisé au Canada et aux États-Unis est presque entièrement destiné aux poteaux des réseaux électriques et téléphoniques. Il existe d’autres produits de remplacement, non chimiques, pour ces utilisations, qui exigent moins d’entretien, qui ont une durée de vie plus longue et qui sont déjà utilisés, tant aux États-Unis qu’au Canada. Au Canada, le PCP a été presque complètement éliminé. Il n’y a donc pas de raison de continuer à utiliser cette substance extrêmement toxique. L’IPEN avait fortement suggéré d’inclure le PCP dans l’annexe A de la Convention de Stockholm sans aucune exception précise », a déclaré Mme Olga Speranskaya, coprésidente de l’IPEN, un réseau international de 700 organismes s’efforçant d’assurer un avenir libre de produits toxiques.

Le mois prochain, des représentants des 179 nations qui ont ratifié la Convention se réunissent à Genève, en Suisse, pour discuter d’une interdiction mondiale du PCP. Le Mexique et le Canada sont des parties à la Convention. Les États-Unis ne l’ont pas ratifiée et ils ne sont pas une partie à la Convention, mais ils peuvent jouer un rôle essentiel dans la protection de la santé mondiale, en appuyant une interdiction du PCP. En octobre 2014, le Comité d’experts des Nations Unies sur la Convention de Stockholm a recommandé l’élimination du pentachlorophénol à l’échelle mondiale. Dans sa recommandation pour la Convention de Stockholm, le Comité a cité la persistance du pentachlorophénol, l’accumulation biologique, son transport sur de grandes distances et ses effets nocifs. Le Comité a trouvé un grand nombre de produits de remplacement, beaucoup plus sûrs que le pentachlorophénol. Le Comité recommande aussi l’élimination globale de deux substances supplémentaires, l’hexachlorobutadiène, produit dérivé de la fabrication de dissolvants chlorés, et les naphtalènes chlorés, sous-produits involontaires de procédés industriels tels que l’incinération des déchets, l’affinage du métal et la production de ciment. Les gouvernements de par le monde prendront des décisions sur les recommandations d’élimination de ces trois substances toxiques à l’échelle mondiale en mai 2015, mais les parties à la Convention de Stockholm sur les POP acceptent en général de suivre les recommandations de son comité d’experts.

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Personnes-ressources supplémentaires :
Fernando Bejarano, Red de Acción en Plaguicidas y Alternativas en México (RAPAM) A.C, cellulaire (+52) 55541 926483, coordinacion@rapam.org
Fe de Leon, Association canadienne du droit de l’environnement, 416 960-2284, deleonf@cela.ca
Dre Olga Speranskaya, coprésidente de l’IPEN, Eco-Accord chemicals/leader en santé publique, olga@ipen.org, @ OlgaSperansk