Les poissons n’ont pas besoin de Prozac : protéger les Grands Lacs

 

Une étude récente effectuée aux États-Unis a permis de constater que les poissons des Grands Lacs sont sous l’effet des médicaments. Il semble que des antidépresseurs humains s’accumulent dans les cerveaux de 10 espèces de poissons dans la rivière Niagara, qui relie deux des Grands Lacs, le lac Érié et le lac Ontario.

« Ces ingrédients actifs d’antidépresseurs, qui proviennent d’usines de traitement des eaux usées, s’accumulent dans les cerveaux des poissons, » déclare Mme Diana Aga, scientifique en chef de l’University at Buffalo College of Arts and Sciences. « Il s’agit d’une menace pour la biodiversité et nous devrions en être très inquiets. »

Il s’agit en effet de conclusions de recherche préoccupantes, si l’on considère que les Grands Lacs procurent de l’eau potable à environ 40 millions de personnes aux États-Unis et au Canada. Nous devrions les protéger en priorité et l’ACDE travaille ardemment afin de s’assurer que la qualité de l’eau des Grands Lacs figure au sein des priorités des programmes gouvernementaux provincial et fédéral.

Plusieurs politiques et outils juridiques sont en place pour protéger les eaux dans l’ensemble du bassin des Grands Lacs et du Saint-Laurent. Une loi clé pour y arriver est la Loi de 2015 sur la protection des Grands Lacs de l’Ontario. Adoptée il y a deux ans ce mois-ci, la Loi aborde certaines des plus importantes menaces qui touchent les lacs comme la pollution aquatique, la perte des zones humides et l’efflorescence algale. Puisque la Loi est encore nouvelle, la partie difficile consiste à la mettre en œuvre.

Pour s’assurer que la Loi respecte sa vision de protéger nos eaux et de mobiliser les résidents sur ce plan, l’ACDE travaille à titre de coprésidente de l’Alliance de la Loi sur la protection des Grands Lacs. L’Alliance a publié un rapport sur les priorités pour mettre en œuvre la Loi à court terme. Notre rapport demandait la mise en œuvre de plusieurs éléments, comme l’établissement d’un modèle d’engagement communautaire public afin de s’assurer que les objectifs principaux de la Loi sont atteints, l’établissement de cibles axées sur la science afin d’aborder les menaces les plus graves, et l’autonomisation des collectivités locales en vue d’établir des solutions pour protéger leur eau.

Plus tôt cette année, l’ACDE a lancé son programme Un environnement sain pour les Grands Lacs, qui est consacré à la protection et à la restauration de l’eau et des milieux humides du bassin en mobilisant les personnes et les organismes afin de façonner, de mettre en œuvre et d’utiliser les lois et politiques existantes.

Nous participons également à l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs, une entente vieille de 45 ans qui coordonne les mesures du Canada et des États-Unis visant à protéger ces sources précieuses d’eau potable.L’accord est revu tous les six ans, et nous collaborons étroitement avec nos partenaires afin d’encourager la participation du public au processus d’examen et de soutenir les mesures pour protéger et rétablir la qualité de l’eau.

L’accord a été renouvelé pour la dernière fois en 2012 pour mieux cerner et gérer les enjeux environnementaux actuels affectant la qualité de l’eau des lacs. On effectuera donc un autre examen en 2018. Nous continuerons de collaborer avec nos partenaires afin de nous assurer que l’accord aide à rétablir la qualité et la santé écosystémique de ces étendues d’eau.

L’ACDE participe également à l’examen continu de la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale. Nous avons déposé une présentation en avril qui fournissait un plan d’action en quatre étapes au sujet des produits chimiques perturbateurs endocriniens, des substances qui causent des perturbations hormonales chez les poissons et les humains.

En mai 2017, l’ACDE a réuni 40 personnes de l’Ontario préoccupées de la santé de l’eau douce dans le bassin des Grands Lacs et du Saint-Laurent. La rencontre a permis de créer ce rapport qui souligne comment les citoyens peuvent plaider pour un accroissement de la protection de nos plans d’eau.

Les Grands Lacs constituent le plus grand plan d’eau douce sur Terre et le Canada peut se compter heureux d’y avoir accès. Toutefois, à titre de pays, nous devrions en faire davantage. Trois de nos quatre Grands Lacs sont en déclin, ce qui devrait tous nous préoccuper.

Avec une législation forte qui est bien mise en œuvre, nous pouvons faire une différence afin d’améliorer la qualité de l’eau des Grands Lacs. Peut-être qu’un jour, lorsque nous dirons aux générations futures que les poissons des lacs étaient sur les antidépresseurs, l’idée leur semblera si absurde qu’ils ne nous croiront même pas.